Orphelin de fils - François Hublet

15/05/2010 10:14

 

Concours : Prix Ouest-Jeunesse des Jeunes Ecrivains (Montaigu, Vendée) 2010

 

 ORPHELIN DE FILS

Simon Helfssomans tourna une nouvelle page, tristement. L’album contenant les photos de sa jeunesse était ouvert près de lui, devant ses yeux embués de larmes, pourtant il ne s’y reconnaissait pas. Rien de ce qu’il était aujourd’hui ne transparaissait dans ces images, futiles vestiges d’une époque révolue, achevée, lointaine, pourtant lui était bien là, au détour des feuilles collées en hâte, heureux trentenaire souriant à la famille qui l’entourait.

Il courait çà et là d’une feuille à l’autre, entre plage et montagne, jouant, riant, s’esclaffant même, partageant une bonne humeur qu’on ne lui connaissait plus. Il se revit aux quatre coins du monde, heureux, détendu, profitant de l’existence, explorant une grotte, gravissant quelque haut pic, nageant près du rivage ; et partout le même sourire communicatif, d’humour la même abondance. Là il courait sur une jetée, ici visitait un musée, là encore pêchait avec patience. Helfssomans se ressouvint des truites fumant au-dessus des flammes, de l’odeur des braises encore chaudes, du clapotis léger de la pluie tombant sur l’eau... Il rassemblait tous ses sens, les priant de se remémorer leurs perceptions passées, tentant de revivre au mieux les instants qu’il contemplait avec regret.

Simon Helfssomans pleurait. Il pleurait la richesse qui avait fait son malheur, causé le départ de son fils, de ses filles, de sa femme, et de biens d’autres encore, et qui désormais l’épuisait. Il avait soixante ans ; trente ans de bonheur, de joie, d’insouciance ; trente ans de malheur, de désespoir, d’une souffrance qu’il aurait pu éviter sans peine, s’il avait eu la force de s’y opposer.

Car il était devenu riche, riche comme tout le monde espère l’être, dans une partie infime de son âme ; comme personne sur Terre ne souhaite le rester. Sa fortune dépassait l’entendement, fruit d’une unique découverte, d’un seul du coup du sort qui eût pu être magnificence ; pourtant il n’en était rien. La richesse n’avait attiré sur lui qu’une masse de brumes ténébreuses qu’il maudissait avec rage ; car la malédiction de l’or était sur lui, sur sa famille, sur la plus éloignée de ses connaissances, tant le bien attisait les convoitises, rassemblant les cupides, enflammant les jaloux, réveillant le mauvais côté des hommes. Et lui avait accepté cet or, croyant servir les siens, dévoilant au monde les recherches qui devaient être sa gloire, sa fortune, son bonheur éphémère ; il avait échoué. Des milliers d’êtres humains de par le monde avaient connu son nom, entraperçu son visage, avaient eu vent de son opulence. Et ceux-ci n’étaient pas bienveillants, non. Il avait échappé de peu à des attentats, frôlant des balles qui manquaient de l’atteindre, se réfugiant derrière de hauts murs, priant pour qu’on ne pût l’abattre. Il n’était plus libre, désormais. Il était enfermé, contraint à une perpétuelle surveillance, pourtant l’obscur tribunal qui avait prononcé sa peine ne rendait jamais la moindre justice ; les ombres ténébreuses qui le composaient étaient corrompus par la richesse, la richesse qui faisait vivre l’homme et l’achevait en même temps, et qui, dans un formidable élan de puissance, le mettait à terre, le désarmait, le contraignait à la souffrance ; l’or ne lui offrait aucune liberté, aucune chance, aucun bénéfice ; il ne lui apportait que de la crainte.

Son fils en avait fait les frais.

 

*

 

Vingt-cinq ans plus tôt…

           

            Andy Simon Helfssomans Junior n’en pouvait plus. Depuis cinq ans déjà, il tentait d’oublier son enfermement, son malheur, sa vie mêlée de contraintes, pourtant il ne la supportait pas. Les jours s’égrenaient, matière fugace et impalpable, et l’étau du danger se refermait sur lui, peu à peu. Il n’avait presque plus aucun ami, désormais. Tous ses anciens camarades refusaient de le voir, n’osant plus passer le portail de fer blindé qui avait remplacé la grille de la demeure de son père ; refusant de tourner les yeux vers cet homme contraint de protéger sa vie, son bien, sa famille ; effrayés par le va-et-vient des gardes armés qui patrouillaient, à l’affût de quelque assassin potentiel. Depuis longtemps il avait essayé d’effacer de sa mémoire sa vie passée, sa liberté, sa chaleur, sa bonne humeur, de peur de sombrer dans la folie ; il en avait oublié la texture, le goût, la saveur ; quelques souvenirs néanmoins demeuraient, tenaces, seules amarres le reliant à elle ; il s’évertuait à les ignorer. Il n’aspirait plus à retrouver son existence d’autrefois, non, c’était autre chose. Il n’aspirait qu’à quitter celle, qui, en cet instant, l’enfermait entre quatre murs de pierre et d’acier, le contraignant de toutes ses forces à rester confiné entre ses murailles, prisonnier de la richesse de son père, de sa famille, de sa richesse si pesante, si lourde, si éreintante.

            Soudain la porte de bois de sa chambre résonna par trois fois, et il se leva d’un bond. Avant même qu’il lui eût ordonné d’entrer, un domestique en livrée fit quelques pas à l’intérieur, l’observant d’un regard condescendant.

            « Monsieur votre père vous attend pour dîner. »

            Andy le pressentait ; il avait seize ans aujourd’hui même, et, malgré la distance qui le séparait désormais de son père, la fête était de rigueur, ce soir-là.

            Il renvoya le domestique, s’empara de sa veste posée sur son lit, l’enfila, puis, la boutonnant d’une main sûre, ouvrit de l’autre la porte de la pièce, qui pivota sur ses gonds. Il descendit l’escalier à une vitesse mesurée, calme, régulière, plongé dans ses pensées, ruminant ses idées noires, tentant pour un jour de les oublier. Un sombre projet émergeait dans sa tête, se précisait, se concrétisait ; un projet qu’il croyait imaginaire, vain, destiné à l’échec ; un projet qui allait pourtant se réaliser d’une minute à l’autre, alimenté par son savoir, sa connaissance des lieux, son anxiété grandissante ; un projet dont il ne savait où il allait le mener.

            Son père l’attendait devant la porte du salon, souriant. Un semblant d’expression heureuse flottait sur ses lèvres, et, pour la première fois depuis des mois, celui-ci paraissait détendu, reposé, paisible. Il le guettait des yeux, et, lorsqu’il l’aperçut, descendant les marches d’un pas lent chargé de tristesse, il lui adressa la parole, inquiet :

            « A voir ton visage, quelque chose ne va pas, j’en suis quasiment sûr, et j’espère que tu m’en parleras. Si quoi que ce soit te démange, je suis et demeure pour toujours ton père, ne l’oublie jamais ; il faut que nous prenions le temps de discuter. Néanmoins, si jamais je me trompe, oublie ce que je viens de dire. Mais, quoi qu’il en soit, oublions cela pour ce soir, sourions, mettons-nous autour de la table, et fêtons ton anniversaire comme il se doit.

- Ne t’inquiète pas, balbutia-t-il.

- Je m’en doutais. »

Le repas sans passa sans souci, ce jour-là. Le repas était délicieux, succulent même, et Andy se sentit aller mieux. Il conversait longuement avec son père, devisait de sujets sans importance avec ses sœurs, échangeant çà et là quelques mots gais avec la cuisinière… Il avait décidé de passer la soirée à comprendre, à parler, à deviner ; ses tracas ne l’intéressaient plus. La richesse de son père se faisait discrète, en ces instants de joie, habilement dissimulée derrière quelques plats presque courants, que lui-même affectionnait ; la patte d’un chef talentueux se glissait malgré tout derrière ces recettes anciennes, exquise, imperceptible, parfaite de pureté. Les services s’enchaînaient sans luxe, et les discours des uns et des autres prirent un tour plus ordinaire, tout à coup. La simplicité revenait, pour une fois, entre deux moments de crainte et d’opulence, révélant sa propre beauté ; car cette absence de faste était riche, riche d’honnêteté, de confiance, d’amitié réciproque ; et cette amitié semblait indestructible, magnifique d’humanité autant que de grandeur, capable de surpasser la plus terrible des souffrances.

Pourtant elle ne dura pas.

Le moment des cadeaux vint, à la fin du repas, symbole pour Andy d’une année nouvelle. Son père se leva de la table, une petite clef dorée à la main, fit quelques pas en direction d’un meuble bas puis l’ouvrit. Il releva le panneau de bois ouvragé, et déposa ce qui s’y trouvait sur un guéridon, à quelques centimètres de là ; un paquet cubique, recouvert d’un papier bleu roi, entouré d’un ruban argenté, piqueté de quelques paillettes d’or ; tout cela paraissait léger, incroyablement léger, comme s’il n’était qu’un abri, qu’un refuge, qu’un gîte, protégeant quelque objet plus fin.

Une de ses sœurs s’en approcha, s’en empara puis lui tendit.

            « C’est pour toi, de la part de toute la famille.

            - Merci. »

            Le garçon commença de dénouer le ruban qui maintenait le paquet clos, lentement. Il s’efforçait de ne pas froisser le précieux papier, craignant la moindre déchirure, usant d’un soin méticuleux. Puis il défit l’emballage, dévoilant un écrin d’un blanc immaculé ; ses angles saillants étaient recouverts de feuille d’or reflétant la lumières des bougies qui illuminaient la pièce, et, sur une de ses faces, un joailler renommé avait laissé sa marque, discrète gravure à l’ancienne paraissant sortir d’un autre temps ; une formidable aura de richesse rayonnait autour de ce coffret, comme quelque magnifique halo qu’on eût cru serti de diamants, diffusant une impression de raffinement, de luxe, de puissance ; Andy se sentit mal, tout à coup.

            Pourtant, les yeux fermés, il souleva le couvercle, et, saisissant de ses mains l’objet qui se trouvait à l’intérieur, l’amena jusqu’à lui, prudent. Enfin il se décida à ouvrir les yeux.

            Un splendide lion de platine ouvragé reposait devant lui, sur sa paume, ses yeux brillants composés de deux énormes saphirs. Une chaîne était fixée au haut de sa tête, attendant qu’il l’enfilât ; et tout ce bijou, dans son incroyable splendeur, dans toute la perfection majestueuse qui était sienne, semblait lui ordonner de la passer autour de son cou, de remercier ses parents avec maintes excuses, de pleurer jusqu’à n’en plus pouvoir. Pourtant celui à qui elle était destinée sentait une douleur inextinguible naître au beau milieu de son esprit, à la limite de sa conscience, à la limite de son inconscient, à la limite même de son âme ; et cette douleur enflait, peu à peu, dévorant les derniers espoirs qu’il avait, réduisant à néant sa résistance, faisant naître en lui la confiance en un projet qu’il eût pensé irréalisable quelques instants plutôt ; néanmoins il contenait ce mal, le repoussait au plus profond de lui-même, priant pour qu’il ne se réveillât pas ; car il savait la dangerosité de ce qu’il était tenté de faire, en savait les conséquences, savait aussi qu’il n’y connaissait rien.

            «  Ça ne va pas ? »

            La voix de son père avait résonné dans la pièce, inquiète. Andy ne répondit pas.

            «  Si ce cadeau ne te plaît pas, nous pouvons le rendre. Il nous a coûté une fortune, et si tu ne t’en sers pas, cela n’a pas d’importance ; nous avons la possibilité de t’en trouver un autre… tu m’entends ? »

            Une fortune… à cela se résumait ce qu’il pouvait lui dire, désormais. Il ne semblait songer qu’à son argent, son argent tout-puissant, incontrôlable, dangereux, son argent qui les privait de liberté, lui et son père, et dont pourtant lui seul semblait s’inquiéter. La douleur qui le hantait gagna peu à peu le reste de son esprit, anéantissant toute joie, tout bonheur, toute espérance. Il avait cru à tort que ce repas changeât quelque chose ; il n’en était rien. Sa famille, autour de lui, était obnubilée par son bien, obnubilée par cette vermine qui rongeait la vie des hommes plus que la pauvreté, qui tuait avant même qu’il ne naquît toute forme d’indépendance.

            L’idée qu’il s’acharnait à repousser était bien là, désormais, et il ne pouvait l’ignorer. Elle était sa seule chance, sa seule occasion de délivrance, la seule action raisonnable qu’il lui semblât être capable d’accomplir ; il connaissait sa maison, les terrains qui l’environnaient, les hommes qu’employait son père ; il ne risquait rien.

            Andy se leva de sa chaise, brusquement, le lion d’or toujours glissé entre ses doigts ; il empoigna le bijou, le glissa dans sa poche d’un geste assuré, puis, sans même daigner regarder en arrière, ouvrit la baie vitrée qui le séparait du jardin.

            « Andy ! »

            Son père avait hurlé, en vain. Le garçon s’était mis en marche, et courait désormais en direction d’un arbre qui jouxtait le mur d’enceinte, entreprenant de l’escalader, branche après branche, prudemment.

            « Andy ! »

            Simon Helfssomans était sorti de sa demeure et se dirigeait vers lui, furieux.

Il continuait pourtant de prendre de la hauteur, et se trouvait au niveau de la muraille, désormais. Il sembla douter un instant, jeta un regard à son père puis se ravisa, confiant. Il s’avança d’autant qu’il put, agrippé aux branches du chêne qui ployaient sous son poids, puis, lorsqu’il se fut approché suffisamment du mur, commença à prendre son élan.

« Andy ! Reviens ici immédiatement ! »

Il ne revint pas.

Andy Helfssomans était passé de l’autre côté du mur au-travers des protections qu’avaient instauré son père, profitant d’une faille de sécurité que lui seul connaissait. Les gardes avaient à peine perçu de lui une ombre fugace, et si sa cheville avait été écorchée par les barbelés qui surplombaient le mur, la voie qui le mènerait au bonheur était libre, désormais.

Lui aussi.

A quelques mètres de là, son père sanglotait, furieux contre l’argent, contre lui-même, contre son fils.

Il ne le reverra plus.

 

*

 

            Simon Helfssomans referma l’album et se mit debout.

Une limousine noire venait de se garer à l’extérieur, le long des hautes murailles de pierres ; il était attendu. Une importante conférence se donnait, à quelques kilomètres de là, et il lui fallait s’y rendre ; il ne pouvait la manquer.

            Il s’empara de la mallette de cuir noir qui trônait à ses pieds, s’en empara d’une poigne ferme, la referma puis sortit. Il descendit les escaliers quatre à quatre, conscient de son retard, puis ouvrit en grand la porte de sa demeure, ne prenant pas garde aux quatre vigiles qui l’escortaient. Ceux-ci formaient un cadre autour de lui, une perpétuelle barrière humaine, protégeant de leurs corps et de leur force sa misérable personne, par crainte de quelque forcené. Ils calquaient leur pas sur celui de leur maître, se tenant à une distance raisonnable, et traversèrent ainsi le jardin, tournés chacun dans une direction différente, couvrant tout l’espace disponible de leurs yeux entraînés.

Autour d’eux, un gazon vert pomme s’étalait, savamment entretenu. Quelques massifs de buis s’étalaient, ici et là, entourés de chênes plusieurs fois centenaires, abritant sous leur ombres de timides fleurs des champs. Un ou deux lièvres gambadaient, mâchonnant paisiblement quelque innocente marguerite, recréant autour d’eux un semblant de naturel. Le milliardaire y avait tenu, recherchant faune et flore, apprivoisant l’une, cultivant l’autre, reconstituant autant qu’il pouvait quelque prairie lointaine, pourtant il ne s’y rendait jamais. La sérénité du jardin convenait à la solitude, au repos, à l’insouciance, pourtant la plus élémentaire des sécurités lui imposait quatre gardes du corps à sa moindre sortie, à son plus petit désir d’air pur, à la dernière de ses escapades ; désormais il ne le supportait plus, et préférait demeurer confiné à l’intérieur, penché sur sa table de travail, travaillant autant qu’il le pouvait.

« Attention ! »

L’homme qui se tenait à sa droite avait poussé un cri, subitement, désignant du doigt un individu qui tentait d’escalader le portail d’entrée, et parvenait à progresser le long des tiges d’acier qui composaient la grille, peu à peu. Ses mains étaient gantées, protégées des pointes affûtées qui se dressaient au haut de l’entrée, et bientôt il se laissait lestement tomber au sol, dépassant toute protection.

L’inconnu avait le champ libre, désormais.

Les quatre vigiles se mirent en position d’attaque, et l’homme fit un pas en arrière. Un autre. Puis encore un autre.

Il recommença d’avancer, prudent, tentant d’analyser les failles que comportaient leurs positions. Puis il concentra son regard sur le milliardaire qui se trouvait en leur centre, comme s’il eût voulu lui parler entre deux clignements de sourcils, lui transmettant quelque pensée nécessaire, lui apportant quelque surprenante révélation. Celui-ci frissonna. Il n’avait rien lu de précis dans les yeux de cet homme, pourtant il avait déjà aperçu la flamme qui brûlait en eux, sans qu’il ne se rappelât quand, où, comment ; néanmoins il les connaissait, connaissait leur éclat, leur puissance ; il était certain qu’il était en danger.

L’inconnu s’élança tout à coup, inquiétant, effrayant, terrifiant même, tentant de l’atteindre du bras.

En vain.

L’un des vigiles agrippa ses mains, et les maintint plaquées contre son dos, brusquement. Puis le poids d’un deuxième garde le fit passer au sol, face contre terre, cent kilos de muscles pesant sur ses épaules, l’arrêtant sans délicatesse. Un troisième sortait une paire de menottes, et s’empressa de lui lier les mains, achevant en quelques secondes ce qu’un homme seul n’aurait accompli qu’avec peine.

« Qu’est-ce qu’on en fait ? »

Le quatrième garde avait parlé, s’adressant à son maître.

Celui-ci ne répondit pas.

Il fixait l’homme qui gisait à terre avec ébahissement, contemplant son visage dans laquelle brillait une flamme nouvelle.

La conférence pourrait attendre.

Autour du cou de l’inconnu, un bijou cabossé par le temps brillait, diffusant autour de lui une douce lumière. Il était abîmé, ébréché, presque détruit ; pourtant, ce jour là, Simon Helfssomans n’eut aucun mal à reconnaître sa forme.

Un lion.

Rechercher dans le site

Contact

Le G.A.N.G. de St-Malo

Vous trouverez dans le cadre ci-dessus les trois dernières nouvelles publiées chronologiquement.

Pour voir toutes les nouvelles, cliquez sur ce lien. Pour consulter la liste des nouvelles de St-Malo, cliquez sur celui-ci.

Créer un site internet gratuit Webnode